Qu’est-ce que la misophonie ?

Avez-vous une aversion terrible pour certains bruits au point que ça entraîne de vives réactions de votre part ?

Cassandra Genoud

La misophonie est une aversion extrême aux sons tels que la mastication, le tapotement régulier de doigts sur une table ou sur un clavier, un léger sifflement du nez, etc. Tous ses sons insupportables entraînent alors des réactions de colère, de dégoût, de panique chez les personnes souffrantes de ce trouble selon la Revue Médicale Suisse (2015). Il faut distinguer la misophonie des acouphènes (sifflement permanent dans une ou deux oreilles) ou de la phonophobie (peur de certains bruits). Elle est considérée comme un trouble psychique à part entière même si elle reste encore assez méconnue du grand public et la recherche est encore loin d’être exhaustive. 

 

Déclencheurs 

Les personnes atteintes de misophonie entendent certains bruits (souvent des bruits répétitifs) avec une intensité multipliée. Ces sons considérés comme normaux pour la plupart des personnes comme manger du pop-corn, boire de la soupe ou encore le tic-tac d’une montre sont extrêmement agaçants voire invivables pour les misophones. En effet, ce genre de bruits entraînent de vives réactions comme la colère, l’irritabilité, l’anxiété voire du dégoût, accompagnées d’une envie de faire cesser tout de suite ces bruits pour soulager ces émotions. L’individu souffrant se retrouve ainsi face à quelque chose qu’il ou elle ne peut pas contrôler, avec un sentiment d’impuissance qui peut entraîner dans de rares cas une agressivité verbale et/ou physique. L’intensité des sons et de l’émotion qui en découle est encore plus conséquente quand la personne est déjà dans un état de stress ou de fatigue. Il a été observé dans beaucoup de cas que le misophone ne déclenche pas de réaction face aux bruits que lui-même produit. 

 

Incidences 

Les misophones auront tendance à éviter la confrontation avec ces bruits ce qui peut avoir une incidence directe sur leur vie sociale, professionnelle ou familiale. En effet, ils ou elles préféreront éviter un repas avec des personnes qu’iels ne connaissent pas ou très peu pour éviter d’être confrontés à des bruits qu’ils ou elles ne pourront pas arrêter (mastication, bruit de fourchette contre une assiette, etc.). Cela peut provoquer un auto-isolement par eux et elles-mêmes. De plus, dans le cadre familial où il est plus facile de faire une remarque à ses proches, la réaction face à un bruit peut se montrer plus vive et donc entraîner une réponse plus violente verbalement. Étant un trouble peu connu, il est difficile pour les personnes atteintes de faire comprendre ce phénomène à leur entourage. Il est important de souligner que les misophones souffrent de détresse face à ces sons ce qui entraîne des crises de colère ou de pleurs et même d’anxiété importantes. 

 

Traitement  

A ce jour, il n’existe pas de traitement médicamenteux ou chirurgical pour traiter ce trouble. Afin de pouvoir le diagnostiquer plus efficacement les psychiatres ont détourné l’échelle d’évaluation des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) qui est le Y-BOCS (Yale-Brown-Obsessive-Compulsive-Scale) pour en faire l’A-MISO-S soit Amsterdam Misophonia Scale. Les patient-e-s sont ainsi questionné-e-s sur : 

  1. Le temps de préoccupation lié à des sons 
  2. Le degré de dysfonctionnement social lié à celui-ci
  3. Le degré de détresse ressentie 
  4. La résistance contre l’impulsion 
  5. Le contrôle sur leurs pensées et leur colère 
  6. Le temps passé à éviter des situations en lien avec ce trouble

Résultats des scores : 

0-4 : cas non significatif de misophonie 

5-9 : misophonie légère 

10-14 : misophonie modérée 

15-19 : misophonie sévère 

20-24 : misophonie extrême

Le test : https://misophoniatreatment.com/wp-content/uploads/2014/06/A-MISO-S.pdf 

Il reste tout de même des solutions pour soulager les misophones. La prise en charge se fait par le moyen de la psychothérapie comme pour les personnes souffrantes de phobies ou de TOC. Il existe aussi des thérapies d’habituation pour rendre les sons plus supportables. Mais bien souvent pour se prévenir de ce genre de sons, les misophones mettent en place des solutions comme les bouchons d’oreilles, les écouteurs et casques à réduction de bruits ou encore évitent les endroits qu’ils ou elles savent insupportables auditivement. Il est aussi conseillé de se mettre à la méditation et à la sophrologie (méthode de relaxation). 

La misophonie est un trouble qui n’est pas à prendre à la légère ni à négliger. Ne pas la traiter avec une psychothérapie ou au travers des solutions dites précédemment peut entraîner une aggravation des symptômes et des bruits déclencheurs. Il est donc important d’en parler et de soulager les symptômes avec la prise en charge appropriée.  

Liens web 

https://www.researchgate.net/profile/Sentissi-Othman/publication/275587795_Misophonia_or_aversion_to_human_sound_A_clinical_illustration/links/5623508908aed8dd19454d6b/Misophonia-or-aversion-to-human-sound-A-clinical-illustration.pdf 

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8244967/ 

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2015/revue-medicale-suisse-462/la-misophonie-ou-l-aversion-pour-le-bruit-a-propos-d-un-cas-clinique 

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