Kery James, porte parole du rap conscient

Peut-on dire que la question des banlieues dans le rap est suffisamment mise en avant? Quel lien fait le rappeur Kery James entre les banlieues et la politique? L’analyse d’un artiste. 

Par Charlène Wicky

D’où vient le rap?

Dans le langage courant, quand on pense au rap, on pense à une musique rythmée qui dénonce des faits sociaux. Cette définition du rap nous vient tout droit de sa création qui a lieu dans les années 70 au sein de la culture hip-hop dans les ghettos noirs des Etats-Unis. Ainsi, initialement, le rap est une musique de banlieue faite par les banlieusard.e.s, pour les banlieusard.e.s. En effet, il met en avant la vie quotidienne des jeunes issu.e.s des milieux populaires au moyen de témoignages. De ce fait, quelle est l’influence du rap sur la société?

Le rap, une politique

En tant que préambule, rappelons que le rap évolue dans un monde clivé, fruit des luttes sociales de mai 68. Cet activisme se ressent dans le rap. Ainsi, premièrement le rap semble avoir une influence positive sur la société. Il s’avère que l’utilisation du langage courant, ainsi que le témoignage de sujets d’actualités flambants, souvent politiques ou sociaux, crée un lien entre l’auditeur.trice et l’artiste. C’est ce même lien qui semble être positif dans le sens où il pousse à l’activisme, à la remise en question du statu quo, nécessaire en démocratie. De plus, si nous revenons sur le sujet des banlieusard.e.s, on sait qu’ils.elles ont longtemps été impuissant.e.s dans le débat politique. Le rap est la voie royale pour mettre en avant ses idées, et ce, sans fracture sociale puisque tout le monde y a accès. 

Il s’avère toutefois que cet activisme peut sembler dangereux pour le pouvoir en place. En effet, la mise en avant des problèmes sociaux vécus en banlieue peut être néfaste dans le sens où nous pourrions tendre vers l’anarchisme. Si le rap part du principe que tout est question de lutte, on pourrait remettre en question toutes les institutions, ce qui ici semble dangereux. 

En définitive, le rap a effectivement une influence sur la société, qu’elle soit positive ou négative.

Qui est Kery James?

Pour mener à bien notre sujet, il nous faut comprendre qui est Kery James. Alix Mathurin, de pseudonyme Kery James, est un rappeur, réalisateur et acteur français. Il est né aux Abymes en Guadeloupe et est donc de couleur noire. C’est ici un facteur important puisqu’il en fait un sujet de lutte. C’est à ses onze ans qu’il se lance dans l’écriture de rap avec un morceau dédié justement à la lutte contre le racisme. On définit Kery James comme étant un rappeur conscient puisqu’il parle de faits sociaux et se place en tant que porte parole. Son premier album voit le jour en 2005 où ses sujets de prédilections sont les banlieues, le racisme, la religion, c’est-à-dire les sujets d’inégalité au sens large. C’est toutefois en 2008 qu’il publie son titre le plus connu: « Banlieusards ». 

« Banlieusards »: l’hymne de la lutte

C’est lors de la publication en 2008 de son deuxième album nommé « À l’ombre du show business », que Kery James connaît un succès exponentiel avec « Banlieusards ». C’est un morceau de huit minutes qui véhicule un message de fierté et de détermination pour les personnes banlieusardes, musulmanes, noires et immigrées. C’est sur une mélodie à la fois douce et rythmée que Kery James débute son morceau sur ces mots: « On n’est pas condamné à l’échec. Voilà le chant des combattants: banlieusard et fier de l’être ». Il continue avec des phrases crues qui mettent en avant les situations discriminantes que vivent les individus qui semblent marginaux pour le pouvoir en place. « Nous derrière les barreaux, eux au Sénat » est un exemple de l’inégalité des chances. L’objectif de son morceau est de médiatiser le phénomène de discrimination massive et pour autant de persévérance: « Pour nous c’est plus dur, mais ça ne doit pas devenir un prétexte ». 

Vers la réalisation d’un film

Avec le succès fulgurant de ce morceau et sa rage de faire voir à un plus grand nombre les stigmatisations et discriminations, Kery James va plus loin en réalisant un film, en l’occurrence Banlieusards. On peut facilement remarquer que le film porte le même nom que son morceau. Ce détail n’est pas insignifiant puisque en effet le film se base sur le morceau « Banlieusards ». Celui-ci évoque l’histoire d’une famille dans une banlieue française dite « sensible » du 93. On suit l’histoire de Soulaymaan (joué par Jammeh Diangana) qui est un étudiant avocat à Paris et qui réussit ses études malgré son milieu d’origine défavorisé. Son frère aîné Demba (joué par Kery James même) vit quant à lui du trafic de drogue. Ce film, sorti en 2019 sur Netflix, a pour objectif de sensibiliser les spectateurs.trices de l’impact du milieu social d’origine sur l’avenir et le devenir des individus de banlieue. Le film est devenu célèbre et le deuxième volet est prévu cette année, en 2023. 

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