Coupe du monde au Qatar

Ronaldo – Messi, le dernier tour d’honneur ?

Jérémie Koch

Dimanche 20 novembre 2022 : la Coupe du monde de la FIFA a débuté au Qatar. Pendant un mois, tous les projecteurs sont braqués sur un petit pays de la péninsule arabique à peine plus grand que la suisse romande. Les scènes de liesse, l’été, les fans zones, les soirées chaudes en terrasse et les klaxons ; voilà ce qui fait en temps normal l’effervescence de la plus grande compétition du monde en termes d’audiences et de suivis. Mais cette année, l’ambiance est tout autre : entre les scandales de corruption liés à l’attribution de la compétition, les conditions inhumaines sur les chantiers qui ont coûté la vie à de très nombreuses personnes, le piétinement des droits de l’homme et, dans une moindre mesure, le caractère hivernal qu’elle revêtit, la 22ème édition de la Coupe du monde provoque un scandale planétaire. 

Après avoir souvent, et à juste titre, éclipsé l’enjeu sportif au profit des problèmes de fonds que soulevaient l’évènement, que nous réserve cette Coupe du monde en termes de sport pur ? L’excitation est le propre d’une telle compétition et voici un premier motif de réjouissances.

Rivalités

La rivalité n’est pas qu’une opposition. C’est un dépassement mutuel, une sublimation de l’instant où seule la perfection est règle du jeu. Qui aurait été Federer sans Nadal ? Mohammed Ali sans Joe Frazier ? Et Messi sans Ronaldo ? Les pelouses qataries verront certainement les dernières foulées en Coupe du monde de deux génies qui ont illuminé la planète football de leurs dribbles et de leurs buts d’anthologies, déchaînant les passions dans un monde acquis à la cause de l’un, ou de l’autre. On ne compte plus les records battus ; ils ont tout fait, tout connu et tout remporté. Ou presque. Puisque la rivalité semble être une destinée commune, un trophée manque à leur vitrine respective et elle se nomme : « Coupe du monde ». 

L’Argentine de Messi

Le gamin de Rosario a caressé le rêve de tous-tes joueurs-ses de football ; huit ans plus tôt, la finale de la Coupe du monde se jouait au Maracana de Rio de Janeiro. Les prolongations battaient leur plein entre la sélection argentine et l’Allemagne. Il restait sept minutes à jouer avant d’aller aux tirs aux buts ; c’était le moment choisi par Mario Götze pour faire étalage de sa classe : d’un contrôle parfait de la poitrine, le numéro 19 de la “Mannschaft” reprenait de volée du pied gauche et expédiait le cuir hors de portée du gardien argentin. Le talent pur, le geste parfait, celui qui fit voler en éclat les espoirs de « l’Albiceleste»*. Messi échouait ou Diego Maradona avait réussi*.

Quatre ans plus tard, en 2018, la Coupe du monde s’installait en Russie. L’Argentine trouvait sur sa route en 8ème de finale l’équipe de France, future championne du monde. Un match de folie marqué par la réussite d’un certain Benjamin Pavard qui valu le commentaire mythique de Grégoire Margotton*, commentateur sur TF1. Plus qu’un simple but, ce fut l’acte fondateur des « Bleus », le début du rêve que rien ni personne ne put freiner.

Le seul trophée remporté par la « Pulga»* avec l’équipe nationale remonte à l’année passée. Le continent sud-américain organise à intervalle irrégulier (tous les deux, trois, ou quatre ans), une compétition que l’on nomme la « Copa America », réunissant toutes les sélections nationales sud-américaine. Elle est comparable à « l’Euro » organisé en Europe. En 2021, c’est donc l’Argentine emmenée par son capitaine Lionel Messi (meilleur buteur et passeur du tournoi) qui soulevait le trophée.

Le Portugal de Ronaldo

Le parcours du Portugais est fait, tout comme son meilleur rival, de défaites et de victoires retentissantes. Le plus beau succès de la sélection portugaise est aussi récent, il remonte à 2016 lors de l’Euro en France. La Seleção se hisse en finale du championnat d’Europe et affronte l’équipe de France qui, devant son public, ne peut envisager la défaite. C’est le match de tous les rebondissements : Cristiano Ronaldo sort sur blessure en larmes et à cet instant précis, le match basculait, le pensait-on. Mais le 0-0 tenait, Gignac touchait le poteau pour l’équipe de France pendant que Ronaldo sur la touche, blessé, prenait la place de l’entraîneur et replaçait ses coéquipiers. Le vent tournait et emmenait les 22 acteurs en prolongations. Et l’incroyable se produisit ; le nouvel entrant, Eder, inconnu du grand public, déclencha une frappe aussi imparable que précise et trompa Hugo Lloris, le portier des « Bleus ». Le score ne bougeait plus et le Portugal était sacré champion d’Europe, balayant ainsi la déception de l’Euro 2004 qui avait vu la Seleção être battue en finale par la Grèce.

L’épopée portugaise fut en revanche plus brève lors de la Coupe du monde 2018 en Russie ; Cristiano Ronaldo et ses coéquipiers étaient stoppés dès net dès les huitièmes de finale par l’Uruguay. Mais l’attente ne fut pas longue puisque le deuxième trophée tombait à l’été 2019 lors de la première édition de la “Ligue des Nations”, nouvelle compétition créée par l’UEFA. Le Portugal battait les Pays-Bas 1-0 et remportait un deuxième trophée sur la scène européenne.

Pour l’histoire

Qu’ont en commun tous ces trophées ? Ils ont tous été remportés lorsque Cristiano Ronaldo et Lionel Messi étaient titulaires et capitaines de leur sélection. La victoire lors de l’Euro en France fut le premier trophée de l’histoire de la sélection portugaise et la victoire de l’Argentine lors de la « Copa America », le premier sacre après 28 ans d’attente. Une preuve de plus de leur influence respective.

Messi, 35 ans ; Ronaldo 37 ans, s’apprêtent donc à se livrer une nouvelle bataille, la plus belle peut-être. Une dernière chance s’offre à eux pour écrire un peu plus leur histoire et celle de leur pays. Ils ont célébré leur première Coupe du monde en Allemagne en 2006, les voilà présents seize ans plus tard au Qatar pour la cinquième consécutive, le brassard de capitaine au bras et l’envie intacte. Sept matchs pour une coupe, la plus prestigieuse de toutes. Sept matchs avec l’assurance de voir les deux plus grands footballeurs des vingt dernières années revêtir le maillot de leur sélection. Même pour les génies que l’on croit intemporels, le retentissement du dernier coup de sifflet arrive ; alors retardons le, et simplement : admirons les. 

Références

*Surnom donné à la sélection argentine en référence aux bandes blanches et bleues du maillot. 

* Diego Maradona remporte la Coupe du Monde avec l’Argentine en 1986 au Mexique. Édition marquée par la « main de Dieu », but marqué avec la main par Maradona en quart de finale face à l’Angleterre.

* Pour se faire plaisir : https://www.youtube.com/watch?v=9nECmaDC5A4

* Sa petite taille et sa vivacité valurent à Lionel Messi ce surnom : « la puce »

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