Surdouance et haut potentiel? Parlons-en!

Les personnes que l’on caractérise généralement comme des surdouées, sont définies comme des personnes à haut potentiel. Dans cet article, nous tenterons de comprendre ce que signifie cette dénomination.

Alyzée Haahtio, 20 avril 2021

S’identifier aux caractéristiques données dans cet article, ne suffit nullement à se définir comme une personne à haut potentiel. Il est nécessaire de faire un bilan complet auprès d’un-e psychologue, et si possible spécialiste dans ce domaine.

Les personnes à haut potentiel (HP) sont ce qu’on appelle couramment les personnes «surdouées». En effet, de manière traditionnelle, seuls les aspects intellectuels sont reconnus. Ces personnes représentent 2 à 5% de la population adulte. Nous tâcherons dans ce présent article de montrer qu’il est nécessaire de se détacher de cette vision trop restrictive liée au phénomène de surdouance. 

Cette caractéristique est souvent découverte bien trop tardivement et n’est pas toujours bien vécue, comme nous le verrons. Des pensées qui fusent, des associations rapides et incessantes d’idées, une remise en question excessive, une hypersensibilité dérangeante, une curiosité sans égale; cela contraste de manière forte avec l’idée que l’on se fait généralement des personnes surdouées n’est-ce pas? Voyons donc de plus près ce double fonctionnement, intellectuel et affectif. 

Une supériorité intellectuelle? 

La majorité des personnes ont un mode de pensée dit «séquentiel». Il s’agit là d’une sorte de liste déroulante, où les idées défilent une à une. Néanmoins, il existe également un mode de pensée global, dit «en arborescence», où une idée en engendre une autre. Afin de mettre de côté les stéréotypes liés aux «surdoué-e-s», nous nous efforcerons de comprendre qu’on ne distingue pas une personne HP de la population qui l’entoure. En effet, seul le mode de fonctionnement mental est différent. Mais cette différence n’est pas une supériorité, loin de là. Voyons cela plutôt comme une façon plutôt particulière et différente d’entrer en relation avec le monde extérieur. 

Les personnes dites surdouées ou «zèbres» ont donc un câblage neurologique différent, voire atypique. Et être câblé différemment a forcément un impact sur le déploiement de la pensée. Il n’est alors pas question de parler d’une intelligence quantitativement supérieure mais elle est bel et bien qualitativement différente. 

En ce sens, le test de QI, généralement le WAIS-IV pour les personnes de plus de 16 ans, est certes un test qui fait partie du diagnostic intégral. Cependant ce n’est pas le seul effectué car l’intelligence n’est pas l’unique cause, origine ou caractéristique de la surdouance. 

Pour rappel, un QI de 100 est «dans la norme», on appelle alors HP les personnes dont leur QI se situe aux alentours des 130 (Einstein, par exemple, avait un QI de 160). Cependant, il faut insister sur le fait que le QI n’est qu’un chiffre, il faut avoir un bilan psychologique complet pour s’assurer d’être HP. En bref, le QI est considéré comme un indicateur et non comme le seul élément à prendre en compte dans le diagnostic.  

En résumé, les personnes diagnostiquées HP sont certes intelligentes, mais il y a de nombreux autres éléments à prendre en compte. Voyons-les donc tout de suite! 

Uniquement intelligent-e-s? 

Peut-on réellement dire qu’une personne surdouée n’a que l’aspect intellectuel de spécifique? Notons d’ores et déjà que non. Largement pas. Effectivement, il sera restreignant de ne faire référence qu’à cette caractéristique «intellectuelle» pour parler des personnes «zèbres». 

Tout d’abord, la plus grande majorité des personnes à haut potentiel sont hyper-sensibles. Leur quotient émotionnel est ainsi élevé et leur mode de fonctionnement est souvent basé sur l’émotionnel. C’est ainsi que l’on parle de ces personnes en disant qu’elles ressentent les choses «plus» fortement, «très» intensément ou encore de manière «extrême». Raisonner de manière rapide n’est donc pas leur seul grand pouvoir, changer d’humeur en trente secondes en fait partie. Ce tourbillon d’émotions constant est à l’origine de nombreuses variations affectives intenses, d’où une certaine «intensité du vécu» et un grand besoin de stabilité. 

A ceci peut s’ajouter un questionnement incessant, continu et existentiel. Leur besoin de stimulation, leur lucidité et leur hyper-vigilance peut être mise à l’épreuve face aux réponses inadaptées ou incomprises. Ainsi, cette soif de savoir, de compréhension et d’apprentissage est donc autant source d’épanouissement que de casse-têtes. Ensuite, si la curiosité et la créativité sont de mise, la distraction l’est aussi. Ce qui explique que pas tou-te-s les HP soient premiers-ère-s de classe.

En outre, un grand sens de la justice et une empathie hors norme sont souvent associés aux caractéristiques prédominantes des personnes à haut potentiel, d’où l’émergence, parfois, d’une attitude d’opposition contre les règles incomprises, injustes ou illogiques. 

Désinvestissement social et affectif ou au contraire grand sens de la sociabilité? C’est au choix, chacune et chacun met en place des stratégies afin de s’adapter au mieux dans ce monde, où la surdouance est encore connotée trop négativement et les études sur le sujet peu nombreuses. 

Les personnes à haut potentiel sont aussi dans de nombreux cas perfectionnistes, ceci pouvant entraîner le doute, mais surtout la peur de l’échec. Cette urgence d’agir, et ce de la bonne manière, les poussent à chercher les détails mal faits et parfois même les erreurs encore non-existantes. 

En peu de mots, on comprend que l’intelligence n’est pas la seule caractéristique à mettre en exergue lors des diagnostics concernant les personnes dites surdouées. 

Vraiment un don? 

Communément, on parle de la surdouance en termes de «don». En anglais, on appelle d’ailleurs les personnes surdouées «gifted», qui ont reçu don. Mais cela généralise trop ce phénomène qui peut être mal vécu dans de nombreux cas. 

Tout d’abord, nombre de personnes à haut potentiel avouent avoir un mal-être d’origine inconnu et se sentir en décalage vis-à-vis du monde. Il est observable que certaines personnes surdouées ne le disent souvent pas à leur entourage, par peur d’être catalogué-e ou de devenir «l’intello-te de service». 

De plus, un mauvais diagnostic peut être effectué. Les personnes se voient alors attribuer l’étiquette de névrosé-e, dépressif-ve, etc. Ceci est dû au manque de professionnel-e-s spécialisé-e-s dans ce domaine précis, et ceci également en Suisse romande. 

Enfin, une certaine injonction est affiliée aux personnes HP: «tu es très intelligent-e» peut en effet être entendu comme «tu dois réussir brillamment». Et ce, à cause des aspects intellectuels propres au câblage neurologique qui sont mis sur le devant de la scène, mais non choisis par la personne. 

En définitive, pleurer devant un film, se prendre un fou rire dans des situations inappropriées, se laisser aller à ses pensées, en dehors de la modalité purement intellectuelle, sont autant d’aspects spécifiques mais parfois incompris des personnes à haut potentiel. Alors finissons-en avec ces amalgames et apprécions la diversité humaine! 

 Liens utiles:

https://asaas.ch/suis-je-surdoue/

https://collectif-hp.ch/

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