Valentino Rossi: retour sur la carrière d’une légende (1)

Dimanche 14 novembre 2021, dernière course du pilote moto qui a fait rêver le monde entier, celle de Valentino Rossi. 

Source: motogp.com

Etienne Di Lello, publié le 07 mars 2022

Il est bientôt deux heures de l’après-midi en ce dimanche comme il me paraît en avoir vécu des centaines ou des milliers, je ne sais plus. Je suis affalé dans le canapé familial, le ventre tout juste rempli d’une assiette de rigatoni al sugo que nous a cuisinés ma mère, alors que dehors le soleil se tire la bourre avec les nuages pour réchauffer cette journée d’automne qui en apparence, semble très bien partie pour ne pas marquer l’Histoire. En fait, tout autour de moi s’orchestre en un immense mensonge auquel participe ma mère, en débarrassant de la même manière les mêmes plats dans lesquels nous mangeons chaque dimanche midi, mon chien en dormant paisiblement devant l’écran de la télévision du salon et tous ces arbres qui dehors, se balancent exactement comme ils le font chaque année à mi-novembre. La télécommande en main, je compose le numéro de la chaîne qui diffusera dans quelques instants, la dernière course du pilote au numéro 46.

J’ai beau me le répéter, encore et encore, je n’arrive pas à mesurer l’ampleur du séisme qui va s’abattre dans mon salon. Quand je regarde l’écran devant moi, je lis “Valentino Rossi – 10ème“ et rien ne percute dans mon cerveau, peut-être pour cause qu’aussi loin que ma mémoire me le permette, tous mes souvenirs de course Moto Grand Prix furent pilotés par le charismatique, le formidable, l’italien nonuple champion du monde… Valentino Rossi ! Ce nom ne vous dit-il peut-être rien – dans ce cas j’en déduis que vous menez une vie paisible en orbite autour de la Terre depuis plus de 25 ans – car aux 4 coins du globe sont posées des casquettes jaunes sur lesquelles on peut lire un 4 et un 6, le 6 figurant toujours après le 4. Deux chiffres qui font désormais partie de la culture populaire, puisque dépassant le cadre purement sportif et un peu au même titre que le “NY“ de l’équipe de baseball new-yorkaise, le 46 jaune est arboré sans même que l’on ne connaisse l’immense pilote qui s’y cache derrière. Laissez-moi donc vous raconter sa légende.

Les débuts prometteurs en championnat du monde

Les débuts de Rossi en mondial moto remontent à bien avant ma naissance, c’était il y a 25 ans pour être exact. Alors âgé de 17 ans, le gamin de Tavullia et fils de l’ex-pilote Graziano Rossi, participe à son premier championnat du monde sur une Aprilia 125cc (centimètres cubes). L’année qui suit cette première saison en tant que rookie, au terme de laquelle il terminera 9ème (son pire résultat pour les 23 années de compétition à venir), Rossifumi s’impose du haut de son 1,81m dans la catégorie des petites cylindrées, en remportant son premier mondial avec 11 victoires en 15 courses pour la saison 1997. L’adolescent se démarque rapidement des autres pilotes, non seulement pour ses prouesses sur l’asphalte, mais également pour l’excentrisme et l’humour avec lequel il célèbre ses exploits. L’une de ses célébrations les plus iconiques de sa carrière ayant été de compléter un tour d’honneur accompagné d’une poupée gonflable au Grand Prix d’Italie et de dédier cette victoire aux carabiniers de Tavullia, ce petit village des Marches qui a vu se dérouler sur ses routes, les courses de scooters improvisées par Rossi et sa bande de potes.

Se faisant peu à peu un nom au sein du paddock, il rejoint ensuite la catégorie des 250cc chez l’écurie Aprilia Nastro Azzurro en 1998, au terme de deux saisons plus que prometteuses chez ce même constructeur italien. Là encore, il ne suffira que d’une seule année d’adaptation à celui qui s’autoproclame désormais Valentinik (en hommage au héros de bande-dessinée italien Diabolik), avant de remporter son second championnat du monde en 1999, en selle de son Aprilia 250cc. À cette époque-là, la légende était d’or et déjà en marche et malgré l’engouement médiatique déjà hystérique autour du figlio d’arte, personne, vraiment personne ne pouvait présager de ce que le jeune Rossi allait accomplir sur et en dehors des circuits durant les années à venir. L’étoile montante à des centaines de kilomètres heures rayonnera au-delà des limites de ce sport et de l’Italie, en exposant le motocyclisme à une médiatisation qui lui était jusque-là inconnue. Valentino Rossi, l’idole de toutes les foules, n’était à ce point-là qu’à l’aube de sa carrière et le plus dur restait encore à venir: Valentino devait imposer son nom dans la catégorie reine et prospérer. 

Aube des années 2000 et l’ascension dans la catégorie reine

L’an 2000 voyant naître son nouveau champion, Rossi entre dans la cour des grands au guidon d’une Honda NSR 500 deux temps du team Nastro Azzurro. Sur la grille de départ, le nouvel arrivant de 21 ans dénote du reste du plateau : un visage d’adolescent malicieux tout sourire, des cheveux décolorés, un cuir jaune fluo sur lequel figure un surnom d’ado, un casque présentant un soleil et une lune stylisés, rendent le numéro 46 parfaitement identifiable sur la piste comme partout ailleurs. Cependant, les deux premières courses du pilote italien se soldent par deux abandons, mais déterminé à réaliser son rêve et surtout accompagné par un team expérimenté, ainsi que par le légendaire Mick Doohan, Valentino décroche sa première victoire sur le tracé de Donington Park à l’occasion du British GP.

Après une première saison enthousiasmante dans la catégorie reine (il termine vice-champion en 2000), la saison suivante marque une année charnière pour le motocyclisme et pour celui qui s’autoproclame désormais “The Doctor“. En effet, la saison 2001 se trouve être l’ultime championnat du monde moto 500 centimètres cubes, puisque l’année suivante introduira la nouvelle catégorie Moto GP, qui verra courir uniquement des moteurs 4-temps et qui marquera la fin de 53 années de course moto au guidon des désormais mythiques 500cc. L’enjeu est de taille et cette saison historique l’est d’autant plus que le championnat se dispute principalement entre deux pilotes italiens, aux antipodes dans leur personnalité et plus que jamais rivaux en piste (et dans la presse!): Max Biaggi et le jeune Valentino Rossi. Cette folle année se déroulera comme un conte de fée pour Vale, qui remporte son premier titre de champion du monde en catégorie reine, ainsi que le dernier titre de l’histoire des 500c à la suite de 16 courses férocement disputées. Une nouvelle catégorie, de nouveaux adversaires, un nouveau titre, mais le garçon reste exactement le même: boutades et fantaisies sont toujours de la partie lorsqu’il s’agit de célébrer victoires et titres. Véritable seigneur en piste, le dénommé Docteur redevient ce même gamin exubérant une fois la ligne d’arrivée franchie et c’est cette sympathie naturelle qui forcera des millions de fans à succomber au charme du pilote. Un nouveau chapitre pouvait désormais s’écrire en MotoGP et Rossi était plus adulé que jamais par ses tifosi.

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