Par Jennifer Cereijo
La Galice, au nord-ouest de l’Espagne, fascine autant qu’elle effraie. En effet, sorcières, spectres et esprits hantent cette région mystérieuse. Entre frissons et traditions, plongez dans le folklore galicien.
Appelée « Terre de sorcières », la Galice est une communauté autonome du nord-ouest de l’Espagne baignée par l’océan Atlantique. Réputée pour son folklore et ses légendes, elle a depuis longtemps inspiré la crainte et le mystère. Si de nombreux Galiciens et Galiciennes affirment ne pas croire aux sorcières, peu oseraient toutefois s’aventurer seul.e.s la nuit, de peur de croiser l’une des nombreuses créatures qui habitent le territoire. Pour célébrer Halloween, découvrons quelques-unes des figures emblématiques du folklore galicien.
La « Santa Compaña » (Sainte Compagnie)
La Santa Compaña est une procession de spectres qui déambulent de nuit, bougies à la main, sur les chemins de campagne, les forêts, et autour des églises et cimetières. Le cortège est mené par une personne vivante, souvent sans qu’elle en ait conscience, appelé « le porteur » (estadeiro ou morto vivo), condamné à diriger la procession tous les soirs, de minuit jusqu’à l’aube, en portant une grande croix et un seau d’eau bénite. Peu à peu, les personnes ayant eu la malchance de rencontrer la Santa Compaña commenceront à s’affaiblir jusqu’à mourir d’épuisement.
La légende dit qu’il est possible de se libérer de cette malédiction en passant la croix et le seau à une autre personne durant la nuit. D’autres racontent qu’il suffit de voir ou de s’approcher trop près de la Santa Compaña pour devenir le prochain porteur. Les rares qui osent s’aventurer la nuit dans les forêts galiciennes reconnaîtront ce cortège de loin, grâce à la lueur de ses bougies, à l’odeur de cire ou au froid glacial qui semble s’infiltrer jusqu’aux os.
Les « Lavandeiras » (Lavandières)
Les Lavandeiras sont des esprits féminins vêtus de blanc – souvent les âmes de femmes décédées – qui apparaissent au bord des rivières et près des lavoirs des campagnes galiciennes, occupées à laver inlassablement des draps remplis de sang. Les taches semblent pourtant ne jamais disparaître. Elles apparaissent aux premières heures de l’aube ou durant les nuits de pleine lune, et demandent l’aide des passants et passantes.
Si les Lavandeiras semblent âgées, il vaut mieux leur prêter assistance, mais sans jamais essorer le linge dans le même sens qu’elles, au risque d’être condamné à les aider pour l’éternité. En revanche, les jeunes Lavandeiras, plus hostiles, sont à éviter : répondre à leur demande pourrait entraîner la mort des personnes qui leur accorderaient leur aide.
Mon expérience
Après plusieurs voyages en Galice, je peux dire que, de nuit, tout paraît différent. L’atmosphère est à la fois fascinante et inquiétante et l’on ne peut faire dix pas sans se retourner plusieurs fois. Cette impression étrange est sans doute renforcée par le silence profond des villages galiciens, où vivent jusqu’à trois cents habitants, en dehors des grandes villes comme La Corogne ou Saint-Jacques-de-Compostelle. Plusieurs de mes proches, d’ailleurs, affirment avoir vécu des expériences paranormales au moins une fois dans leur vie…
Un ami de mes parents nous a raconté un soir que lorsqu’il était plus jeune, il était allé s’amuser de nuit près d’une église avec ses amis (très bonne idée…). Au loin, ils aperçurent une lumière étrange s’avançant à une vitesse anormalement rapide dans leur direction. Pris de panique, ils s’enfuirent aussitôt. Quand l’adrénaline était redescendue, il se rendit compte qu’il avait une énorme entaille le long de son mollet gauche, dont il conserve encore la marque aujourd’hui…
Mes parents, quant à eux, ont rencontré, en empruntant un chemin forestier, lorsqu’ils rentraient d’une soirée entre amis, un groupe d’auto-stoppeurs. Sachant que les légendes de la région déconseillent formellement de s’arrêter dans ces conditions, ils passèrent leur chemin. Plus loin, ils croisèrent le même groupe, qui cette fois se jeta sur la route pour leur barrer le passage. Mon père, n’ayant pas d’autre choix, traversa le groupe, qui demeura étrangement intact, comme s’ils avaient été immatériels…
La légende raconte qu’il ne faut jamais s’arrêter de nuit dans les forêts. Et si on a la malchance de s’arrêter, il ne faudra pas répondre au leader du groupe, qui vous demandera de réciter un vers de la Bible avant de nous entraîner avec eux…
Malgré ces récits troublants, la Galice reste, de jour, un lieu d’une beauté et d’une richesse culturelle incomparables. En revanche, de nuit…
Sources :
Lavandeira (mitología) – Wikipedia, la enciclopedia libre
Santa Compaña – Wikipedia, la enciclopedia libre
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