Par Antonina Wilczynska
Depuis un an, le mot “Tana” circule sur les réseaux sociaux et dans les conversations. Si certaines personnes l’utilisent pour insulter, beaucoup de femmes l’ont récupéré et l’emploient comme un compliment.

Photo libre de droit.
C’est quoi une “Tana” ?
Une Tana est à l’origine une insulte visant les jeunes femmes jugées trop libres ou “provocantes”. On parle d’elles lorsqu’elles portent des vêtements moulants, du maquillage voyant ou qu’elles s’affirment dans leur vie sociale et amoureuse. Le mot apparaît dans l’argot de l’Essonne et est popularisé par le rap français dans les années 2010. Il pourrait dériver de Montana, en référence à Ana Montana, mannequin portugaise et cap-verdienne. Depuis 2024, “Tana” s’est largement diffusé sur les réseaux sociaux, où il est utilisé pour rabaisser certaines femme. Cela dit, Il est de plus en plus récupéré positivement comme un symbole de confiance et d’affirmation de soi.
Quand le mot devient arme (perception masculine)
Pour certains hommes, “Tana” est devenu une insulte visant à rabaisser et sexualiser les femmes. Sur les réseaux sociaux, on lit des commentaires critiquant maquillage, tenue ou comportement : « Trop maquillée, c’est une Tana », « Elle sort, elle attire le regard, c’est une Tana ». Ces usages traduisent un jugement moral et sexiste sur la liberté des femmes. Le contraste est frappant avec l’usage positif par les femmes, qui transforment le mot en symbole de confiance et d’affirmation de soi, montrant qu’un terme chargé de misogynie peut être retourné pour valoriser celles qu’il visait initialement.

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Face à l’usage insultant du mot, les jeunes femmes l’ont transformé en symbole de pouvoir. Elles ont imaginé “Tana Land”, un pays exclusivement féminin avec capitale “Tana City”, drapeau rose, passeport spécifique et climat idéal pour bronzer. Là-bas, chacune peut s’habiller et vivre librement. Le gouvernement est composé d’influenceuses comme “too much Lucile” ou bien “Polska” qui précisément se faisaient critiquer en ligne à ce sujet. Sur TikTok (et autres réseaux sociaux), se faire traiter de Tana est désormais vu comme un passeport pour Tana Land, renforçant la confiance et l’affirmation de soi et la solidarité entre femmes. Donc, plus tu es Tana mieux c’est. #slaygoqueen.
Être une Tana, une “girls’ girl”, c’est être une femme qui vit pour elle-même, qui sait ce qu’elle aime et qui ne se laisse jamais freiner par les critiques (surtout celles des hommes).
Mais c’est aussi et surtout, une femme qui soutient les autres femmes, et qui les encourage à devenir la meilleure version d’elles-mêmes.
Mais au fond, c’est ça qui dérange le plus : une femme indépendante, qui se choisit, qui n’attend aucune validation, qui montre son corps parce qu’elle en a envie et qui, en plus, se place du côté des autres femmes.
Pour conclure, être une Tana c’est politique. Ça dépasse le simple registre familier et c’est une forme de militantisme. Alors n’hésitez plus, soyez des Tanas !
Sources
https://www.afffect.fr/blog/tanaland-pays-imaginaire-interdit-hommes-sexisme




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